Diabète et maladies du cœur
Le jeûne, surtout sous sa forme intermittente, connait un regain de popularité. On lui prête plusieurs vertus, dont de prolonger la vie, et de diminuer les risques de maladies chroniques telles que le diabète de type 2. Si certaines de ces évidences scientifiques ont principalement été démontrées chez l’animal, d’autres preuves restent à faire en ce qui concerne son effet chez l’humain.
Le jeûne est une des nombreuses façons de restreindre l’ingestion des calories.
Qu’est-ce que le jeûne intermittent?
Le jeûne intermittent n’a pas de définition officielle. En général, il s’agit de faire abstention ou de limiter de façon volontaire ou non, des apports de nourriture pour des raisons de santé, mais également pour des raisons spirituelles ou autres. La plupart des jeûnes intermittents permettent la consommation de boissons dites non caloriques. Celles-ci incluent bien sûr de l’eau, mais également du thé et du café noirs, ainsi que des bouillons (faits à base d’eau et, dans certains cas, d’os de poulet).
Les différents types de jeûne
En général, on décrit le jeûne intermittent comme des périodes de jeûne en alternance avec des périodes de consommation alimentaire normale. La durée et la fréquence des jeûnes peuvent varier énormément.
- Jeûne alternatif : consiste à alterner entre les jours d’alimentation sans restriction et les jours de jeûne, qui durent entre 24 et 36 heures, une à plusieurs fois par semaine.
- Jeûne modifié : consiste à de ne pas manger pendant plusieurs heures, par exemple depuis la veille et jusqu’au repas du soir. Ce jeûne de 12 à 24 heures, souvent identifié comme le jeûne 5:2 (5 jours de consommation normale entrecoupés de 2 jours de jeûne intermittent) impose une restriction calorique d’environ 25% par rapport à une journée normale.
- Jeûne avec alimentation limitée dans le temps : tous les aliments d’une journée sont ingérés à l’intérieur d’un temps limité, souvent entre 4 et 8 heures. Cette méthode consiste à omettre un ou deux repas de la journée, et ce à tous les jours.
Effets du jeûne sur le diabète de type 2
Il est bien démontré que la perte de poids améliore le contrôle glycémique chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Selon certains chercheurs, le jeûne contribuerait non seulement à une meilleure gestion du poids, mais protégerait également contre l’hypersécrétion de l’insuline et éventuellement contre la résistance à cette hormone. Ces effets protecteurs seraient reliés à la diminution de la consommation de repas et de collations. À cet effet, des travaux montrent que de limiter la prise alimentaire en jeûnant permet à la fois de perdre du poids, et de mieux contrôler sa glycémie, comme mesuré par une diminution de l’hémoglobine glyquée (HbA1c)*.
Une de ces études, menée sur 36 personnes obèses et diabétiques ayant suivi un jeûne modifié (5 jours sans restriction et 2 jours de restriction sévère) sur une période de 12 semaines, a montré une réduction du pourcentage du poids (−5.9 ± 4% P < 0.001) ainsi qu’une réduction du niveau de HbA1c (−0.7 ± 0.9% P < 0.001) chez le groupe qui jeûnait de façon intermittente. Toutefois, ces résultats bénéfiques étaient également observés chez le groupe de sujets suivant un régime restreint en énergie. D’autres études démontrent également que le jeûne intermittent peut avoir des effets comparables à d’autres diètes restreintes en énergie, notamment sur la glycémie et le niveau d’insuline.
Ces résultats restent encore préliminaires, et d’autres recherches sont nécessaires dans ce domaine. De plus, une bonne gestion des médicaments lors du jeûne est cruciale. À ce propos, plusieurs questions restent en suspens. Par exemple, est-ce nécessaire de cesser la prise de médicament pendant la période de jeûne afin d’éviter les épisodes d’hypoglycémie? En attente d’autres résultats, les experts sont d’accord pour dire qu’une surveillance de la glycémie par un professionnel est nécessaire durant les jours de jeûne afin d’éviter les écarts de la glycémie. De plus, cette supervision permet un ajustement des dosages individuels de médicaments nécessaires en réponse à la perte de poids.
Le jeûne intermittent est-il meilleur que d’autres régimes alimentaires pour se protéger ou traiter le diabète?
À l’instar de certains régimes restreints en calories, le jeûne intermittent peut donc être envisagé pour les personnes diabétiques dans le but d’une meilleure gestion de la glycémie. Sans qu’il ne s’avère meilleur que d’autres régimes alimentaires, il peut être envisagé par certaines personnes confortables à pratiquer davantage le jeûne intermittent qu’une diète restrictive de façon continue. Toutefois, ces démarches devraient être pratiquées sous supervision de professionnels qualifiés. En effet, une bonne gestion des médicaments lors du jeûne, de même qu’une surveillance de la glycémie par un professionnel qualifié est nécessaire durant les jours de jeûne afin d’éviter les écarts de la glycémie. À ce propos, plusieurs questions doivent être abordées avec l’équipe traitante.
*Hémoglobine glyquée: hémoglobine sur laquelle s’est fixée une molécule de glucose. Sa mesure permet de déterminer la concentration de glucose dans le sang (la glycémie) sur une base prolongée, et reflète l’évolution plus globale du diabète.