Cancer
Les preuves ne sont plus à faire : la consommation de boissons alcoolisées augmente de façon importante le risque de développer des cancers de la bouche, du pharynx et du larynx.
L’alcool : cancérigène ?
Depuis plusieurs années, les données montrant un lien entre l’alcool et le cancer se sont multipliées. En 2007, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) affirmait que selon les résultats de 5 études de cohortes, 89 études de cas-témoins et 4 études écologiques publiées au moment de la parution du rapport, la consommation d’alcool augmentait les risques des cancers de la bouche, du pharynx et du larynx.
Une méta-analyse publiée en 2011 arrive aux mêmes conclusions. Les gros buveurs d’alcool (4 à 5 consommations par jour) augmentent leurs risques de souffrir de ces cancers de 2,5 à 5 fois comparativement aux personnes qui ne boivent pas. Cependant, même la consommation modérée d’alcool (une consommation par jour) est associée à une augmentation des risques de souffrir de ces cancers de 20% à 30%.
Ces risques perdurent longtemps, même après la cessation complète de la consommation d’alcool. Une méta-analyse publiée en 2013 qui incluait 9 études cas-contrôles conclue que le fait de cesser la consommation d’alcool diminuait les risques de souffrir de cancers oropharyngés, mais pas de beaucoup. Dix ans après la cessation de l’alcool, les ex-buveurs avaient diminué de seulement 20% leurs risques de souffrir de ces cancers. Ils demeuraient tout de même plus à risque que les non-buveurs.
Causes des cancers de la bouche, du pharynx et du larynx
Les cancers de la bouche, du pharynx et du larynx (cancers de la cavité orale) peuvent avoir plusieurs causes :
- L’exposition à des agents qui favorisent le développement du cancer (carcinogènes) et qui sont inhalés, ingérés ou bus, de façon prolongée et continue (ex. : l’alcool).
- Le reflux gastrique chronique.
- Le tabagisme.
- Certaines infections (virus du papillome humain).
- La radiation.
- Certains produits chimiques industriels.
- Certains médicaments.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) considère l’alcool comme un agent carcinogène. L’alcool agit de plusieurs façons dans le développement du cancer. Il contient certaines molécules, comme l’acétaldéhyde, qui peuvent être carcinogènes. L’alcool augmente également la production de radicaux libres, des molécules nocives si elles se retrouvent en trop grande quantité dans le corps. Une consommation excessive peut également mener à des carences nutritionnelles en lien avec le cancer. Enfin, l’alcool peut diminuer la capacité du système immunitaire à se défendre contre les agents carcinogènes et les métastases.
Les effets de l’alcool sur le cancer sont les mêmes peu importe le type d’alcool consommé (bière, vin, spiritueux). Aucune quantité d’alcool jugée sécuritaire n’a été établie. Les experts du World Cancer Research Fund et de l’American Institute for Cancer Research considèrent qu’en prévention des cancers de la bouche, du pharynx et du larynx, même de petites quantités d’alcool devraient être évitées.
Cigarette et alcool : un mélange explosif!
Boire et fumer augmenteraient encore plus les risques de développer un cancer de la cavité orale. En effet, d’un côté le tabac endommage les cellules du corps et, de l’autre, l’alcool empêche une réparation efficace de ces cellules et facilite l’entrée d’agents carcinogènes dans celles-ci.
Les deux visages de l’alcool
L’alcool agit sur la santé comme un couteau à double tranchant : pris de façon modérée, l’alcool peut protéger contre les maladies du cœur, mais une consommation élevée et prolongée entraîne des effets néfastes sur la santé.
Pour émettre les recommandations officielles sur la consommation d’alcool, il faut tenir compte de plusieurs facteurs important, pas seulement des risques de cancer.
Ainsi, selon Hubert Sacy, président d’Éduc’alcool, « Le Conseil national sur les stratégies de l’alcool, dont fait partie Éduc’alcool, s’appuie sur des méta-analyses portant sur le lien entre le risque de décès toutes causes confondues et une consommation d’alcool quotidienne habituelle afin d’évaluer à quel moment, pour une personne moyenne, les probabilités de bienfaits et de risques s’équilibrent en comparaison avec ce qui est observé chez les abstinents. La méthodologie a le net avantage de déterminer les limites supérieures d’une consommation d’alcool quotidienne habituelle, voire le seuil où le risque de mortalité prématurée toutes causes confondues ne dépasse pas celui d’une personne qui n’a jamais consommé d’alcool au cours de sa vie.
Sur cette base, les meilleures données probantes suggèrent un seuil supérieur de 2 verres standard par jour et de 10 par semaine pour les femmes et de 3 verres par jour 15 consommations par semaine pour les hommes. Avec un et idéalement deux jours d’abstinence par semaine.»