La malnutrition en Afrique se présente maintenant sous deux formes

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Fini les clichés de l’enfant africain émacié au ventre ballonnant. Dans les pays en développement, les carences nutritionnelles côtoient maintenant les problèmes de surcharges et les maladies chroniques qui y sont liées. C’est ce qu’on appelle le double fardeau nutritionnel. Les maladies chroniques non transmissibles représentent 63% de la mortalité dans le monde et 80% de ces décès ont lieu dans les pays en développement.

L’offre et la disponibilité grandissantes d’aliments transformés et raffinés et la sédentarité représentent les principales causes de cette hausse des maladies chroniques en Afrique. Il faut aussi dire que, malheureusement, l’alimentation urbaine, obésogène et occidentalisée (au détriment de la diète traditionnelle) est perçue comme un signe de réussite sociale.

Je suis actuellement au Bénin afin de collaborer au projet Double Fardeau Nutritionnel (DFN) – Pôle francophone en Afrique. Un des objectifs de ce projet : mettre sur pied deux nouveaux programmes universitaires en nutrition : une licence professionnelle (l’équivalent du baccalauréat) et une maîtrise en nutrition au Bénin. En juillet prochain, la première cohorte de professionnels de la nutrition sera prête au marché du travail. Leurs défis : Lutter contre ces deux problèmes de dénutrition et inciter le gouvernement à adopter les décisions nécessaires pour prendre en charge les problèmes nutritionnels de la population. Aux programmes universitaires, s’ajoutent des cours portant sur le double fardeau nutritionnel pour les cadres et professionnels de la santé.

Le projet DFN 

DFN est piloté par Mme Hélène Delisle, professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal et directrice de TRANSNUT, le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé sur la transition nutritionnelle et le développement, l’organisme qui pilote le projet au Canada. Au Bénin, Dr Victoire Agueh dirige le projet de l’Institut régional de santé publique.

Le projet DFN, mis sur pied en 2008 et se poursuivant jusqu’en 2014, a été élaboré dans le cadre du programme de Partenariats universitaires en coopération et développement de l’ACDI. Il comporte trois volets : la formation, la recherche et le développement d’un plaidoyer et d’outils de communication.

La situation de la nutrition au Bénin 

Au Bénin, la prévalence des troubles nutritionnels carentiels et de troubles nutritionnels de surcharge est élevée: en 2011, on estime que 40% des enfants souffrent de retard de croissance et que 50% de ces enfants souffrent d’anémie. Chez les adultes, 30% de ceux âgés de 25 à 64 ans souffrent de surpoids ou d’obésité, 25% sont hypertendus et 3% sont diabétiques (sans compter ceux qui sont diabétiques et qui l’ignorent).

Il n’est pas rare de trouver au sein d’une même famille, un enfant souffrant de retard de croissance (signe de malnutrition) et un parent obèse souffrant de diabète. Les problèmes de carence et de surcharge sont deux problèmes de santé liés à l’insécurité alimentaire. En Afrique, les maladies chroniques liées à la nutrition ne sont plus l’apanage des riches. Au-delà de la santé publique, le double fardeau nutritionnel est également un problème de développement pour ces pays.

Cette semaine à Cotonou a lieu les journées de la nutrition. Ces journées ont pour objectifs de sensibiliser la population et les journalistes locaux à ce double fardeau. Une journée entière de formation a été offerte aux journalistes de Cotonou afin de les informer sur les stratégies de communication en nutrition. Les organisateurs souhaitent ainsi que les journalistes participent activement à contrer la mésinformation en nutrition et qu’ils jouent un rôle important auprès des décideurs et des hommes politiques. Ma participation aux activités mises en place pour soutenir la nutrition au cœur du développement du Bénin est bien mince, mais ô combien enrichissante! Les problèmes sont criants et urgents certes, mais la volonté et les efforts sont maintenant présents pour améliorer le sort de ce pays. Ces réalisations (et les autres à venir) auront certainement un impact concret et durable sur la qualité de vie de la population.

Saviez-vous que les maladies chroniques comme l’obésité, le diabète et l’hypertension étaient aussi fréquentes en Afrique?

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