Boissons
Le « noni » est un fruit ovoïde charnu de la grosseur d’une pomme de terre à l’odeur… infecte! C’est pour cette raison que certains le surnomment cheese fruit (fruit fromage). Son appellation botanique est toutefois Morinda citrifolia. Il a une écorce vert lime et sa chair est blanchâtre. Le noni est l’un des remèdes les plus prisés de la médecine traditionnelle polynésienne. Ses racines, ses feuilles et son écorce seraient utilisées depuis plus de 2000 ans afin de stimuler le système immunitaire et ainsi combattre les infections causées par des bactéries, virus, parasites ou champignons, mais aussi pour prévenir la formation et la prolifération de tumeurs cancéreuses.
La commercialisation du noni a débuté dans les années 1990. Bien que ce soient les racines, les feuilles et l’écorce du fruit qui sont traditionnellement utilisées, c’est surtout sous forme de jus qu’il est maintenant vendu. Mais le jus de noni est-il vraiment un remède miracle?
Ce qu’on en dit…
On attribue au jus de noni des propriétés curatives pour un nombre impressionnant de maladies : cancer, arthrite, diabète, hypertension, douleurs musculaires et menstruelles, maux de tête et maladies cardiovasculaires. On dit aussi qu’il « stimule l’énergie vitale » et « aide à lutter contre les difficultés chroniques ». Autrement dit, à en croire les fabricants, ce serait un remède universel, rien de moins!
Ce qu’il en est…
Évidemment, ce n’est pas parce qu’on le dit que c’est vrai, ni même vérifié! En effet, si les vertus potentielles du noni commencent à faire l’objet d’études, celles-ci sont encore peu nombreuses et très peu d’entre elles ont porté sur les humains.
La très grande majorité des résultats obtenus jusqu’à présent proviennent d’études effectuées en laboratoire, sur des cellules, et chez des animaux comme les rats et les souris. Bien que des extraits de feuilles, de racines ou de jus semblent avoir quelques effets positifs, comme une action anti-microbienne, anti-virale, anti-fongique ou encore antioxydante, on ne peut absolument pas conclure que ces résultats sont reproductibles chez l’être humain.
Une étude clinique randomisée-contrôlée à double-insu n’a trouvé aucune preuve d’un effet anti-inflammatoire du jus de noni chez 80 femmes.
Une autre étude clinique publiée en 2009 a observé la diminution d’un marqueur de risque de cancer chez 203 fumeurs qui ont consommé entre 30 ml et 120 ml de jus de noni quotidiennement pendant 1 mois. Cela ne veut toutefois pas dire que les risques de souffrir d’un cancer étaient diminués chez les participants.
Dans une autre étude randomisé-contrôlée à double-insu, 100 patients qui allaient se faire opérer sous anesthésie générale ont reçu 600 mg de non ou un placebo. Ceux qui ont eu le noni ont significativement moins souffert de nausées après l’opération que ceux qui ont reçu le placebo.
Proxéronine : la mystérieuse substance bienfaisante
Selon les fabricants, la plupart des bienfaits liés au jus de noni seraient dus à la proxéronine qu’il contiendrait. À partir de ce composé, le corps synthétiserait la xéronine, une molécule prétendument essentielle au bon fonctionnement des cellules. En fouillant dans la documentation, on constate que non seulement les rôles de ces composés ne sont pas démontrés, mais qu’aucune donnée scientifique ne permet même de prouver leur existence!
Beaucoup de bruit… et bien peu de certitude
La méfiance est toujours de mise lorsqu’on crie au remède miracle. Le cas du jus de noni illustre bien la pertinence de ce conseil. Pour l’instant, les preuves scientifiques des bienfaits du jus de noni sont trop minces pour conclure quoi que ce soit. Cela dit, les données actuellement disponibles sont intéressantes et invitent tout de même à rester à l’affût de nouveaux résultats.