Enfants
La publicité qui fait la promotion d’aliments de piètre qualité nutritionnelle influence non seulement les habitudes alimentaires et la santé des enfants, mais elle est aussi un des facteurs reliés à l’obésité infantile.
Réglementée, mais…
Au Québec, la loi sur l’interdiction d’offrir de la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans est reconnue mondialement. En effet, depuis, 1980, la Loi sur la protection du consommateur (LPC) interdit notamment la promotion de produits ou d’aliments attrayants pour les enfants durant les émissions de télévision qui leur sont destinées, soit lorsque les enfants représentent 10% à 15% de l’auditoire.
Des messages publicitaires sur des jouets, friandises ou autres aliments ayant un attrait particulier pour les jeunes peuvent toutefois être diffusés avec plus de liberté lorsque les enfants de 2 à 13 ans représentent moins de 5 % de l’auditoire. Aux heures de grande écoute, c’est tout de même des milliers de jeunes qui seront influencés par les pauses commerciales, qui annoncent des aliments de qualité nutritionnelle moins intéressante.
En effet, au Québec, 73 % des produits annoncés ne font pas partie des quatre groupes du Guide alimentaire canadien…
Cible privilégiée
Les enfants sont des proies convoitées, car :
- des études ont démontré qu’une publicité de 30 secondes suffit à influencer les enfants ;
- la fidélité à une marque de commerce peut s’établir aussi tôt qu’à l’âge de 2 ans ;
- les enfants de moins de 8 ans ne savent pas reconnaître les intentions de persuasion de la part des publicitaires;
- environ les deux tiers des produits consommés pendant l’enfance le seront aussi à l’âge adulte.
Les enfants ne distinguent pas la publicité de la programmation régulière. Leur naïveté et leur crédulité en font des cibles lucratives de choix pour les entreprises. Ce n’est qu’à l’adolescence que les jeunes commencent à comprendre les objectifs de la publicité et à développer leur jugement critique. Et encore…
Malgré que certains critiquent la LPC, et surtout son application, les pratiques commerciales sont tout de même mieux encadrées que dans d’autres provinces canadiennes ou d’autres pays. Dans les autres provinces canadiennes, 90% des publicités alimentaires affichent des aliments riches en gras, sucre et sel.
Par contre, l’utilisation de nouvelles plateformes comme Internet, les jeux associés à des marques alimentaires, l’utilisation des tablettes et des téléphones intelligents ainsi que les sites web de plusieurs entreprises alimentaires laissent place à de nombreuses autres opportunités pour atteindre les enfants.
La réglementation en vigueur chez nos voisins du Sud autorise un maximum de 12 minutes de publicité par heure de diffusion les jours de semaine et 10.5 minutes par heure de diffusion les jours de fin de semaine. Sachant que l’enfant américain moyen passe 2 heures et 46 minutes devant la télévision chaque jour, ça fait grosso modo 30 minutes de publicité quotidiennement. C’est beaucoup plus qu’il n’en faut pour imprégner les petits de ces influences indésirables!
Les messages publicitaires influencent la reconnaissance des marques, le choix de certains produits et font la promotion de la surconsommation.
Stratégies alternatives
Les contraintes de la loi québécoise n’arrêtent pas les fabricants qui, aidés de spécialistes du marketing, trouvent des moyens détournés pour atteindre leur public cible. Aires de jeux, figurines, personnages de dessins animés, formes amusantes, jeux et activités, emballages, couleurs vives, dessins attrayants, et plus encore se retrouvent dans l’environnement de l’enfant.
Toutes ces stratégies attirent votre bambin et même votre adolescent vers un produit ou un restaurant plutôt qu’un autre. Vous vous en étiez rendu compte, n’est-ce pas? Mais pas nécessairement vos enfants…
Un sujet en constante évolution
À l’automne 2016, le projet de loi S-228 (Loi sur la protection de la santé des enfants) a été déposé au Sénat par la Sénatrice conservatrice Nancy Greene Raine. Elle propose que le gouvernement fédéral interdise toutes les publicités d’aliments ou de boissons s’adressant aux jeunes de moins de 13 ans . Ceci inclut les emballages, les étiquettes et les autres techniques de marketing pouvant amener les enfants à choisir certains produits plus publicisés que d’autres.
Il y aurait alors des modifications de la Loi sur les aliments et les drogues portant sur l’étiquetage, l’emballage et la publicité afin de rendre illégal le fait d’étiqueter, d’emballer tout aliment ou boisson, ou d’en faire la publicité, d’une manière qui cible principalement les enfants. Le projet soumis est actuellement à l’étude.