Consommation responsable
Depuis leur arrivée en 1995, les aliments transgéniques ne laissent personne de glace. Ils suscitent débats et polémiques de toutes sortes. Mais, surtout, ils soulèvent des craintes parmi les consommateurs. Extenso fait le tour de la question afin de mieux vous informer sur les enjeux entourant cette technologie.
Avant d’essayer de trancher la question (si c’est possible), regardons les différents éléments qui entrent en ligne de compte dans l’évaluation des risques reliés aux OGM.
Il importe de soupeser le danger que pose le nouvel OGM, les avantages qu’il procure et les preuves de son innocuité.
Danger vs risque
Le danger
C’est l’événement négatif qui peut arriver. Il peut être sans gravité ou très sérieux.
Par exemple, le danger de prendre l’avion, c’est que ce dernier tombe en plein vol.
Le risque
C’est la probabilité que l’événement se réalise.
Dans l’exemple précédent, la probabilité qu’un avion tombe est assez faible. Par conséquent, prendre l’avion est devenu un moyen de transport fort utilisé.
Si un OGM présente un danger minime mais que la probabilité que ce danger se réalise est très forte, l’OGM n’est pas acceptable.
Dans un autre cas, si un OGM présente un danger important mais que la probabilité de réalisation est plutôt faible, l’OGM est considéré comme acceptable.
Avantages vs désavantages
Il faut également soupeser les avantages et les désavantages à utiliser un OGM.
Prenons par exemple la vaccination. Ce procédé sauve des vies en protégeant la population contre plusieurs agents infectieux. Même si certains individus ont des réactions sévères à la vaccination, il y a plus d’avantages que de désavantages, d’où l’intérêt de la vaccination contre certaines maladies.
Les études scientifiques
L’évaluation des risques des OGM doit se faire sur une base scientifique. Cependant, il est évident que les conditions en laboratoire ne reflètent pas toujours ce qui se passe à l’extérieur. Certains événements peuvent passer inaperçus en laboratoire mais avoir de graves conséquences dans les champs, et le contraire peut également se produire.
Il est très difficile de trancher par l’affirmative ou par la négative à propos du danger des OGM. La réponse est quelque part entre les deux.
L’évaluation des OGM se doit d’être faite au cas par cas, car certains seront fort utiles et acceptables, alors que d’autres seront carrément dangereux. L’évaluation signifie aussi que l’on doit regarder ce qui est prévisible, mais également tenter de prévoir l’imprévisible.
Les OGM : questions et réponses
Quel est le processus d’approbation des OGM?
Au Canada, c’est Santé Canada qui est responsable de l’évaluation des OGM destinés à la consommation humaine. On doit s’assurer que l’aliment GM équivaut à l’aliment produit de façon conventionnelle qu’il « remplace ». On s’assure ainsi qu’il a une valeur nutritive identique ou presque, qu’il n’est ni toxique, ni potentiellement allergène.
C’est la compagnie qui veut commercialiser un OGM qui doit effectuer les études et qui doit soumettre les résultats à Santé Canada pour évaluation. Les études de toxicité chez les animaux ne sont pas considérées comme nécessaires par Santé Canada pour établir qu’un aliment OGM est sécuritaire.
Lorsque les compagnies préparent des études de toxicité chez les animaux, généralement, elles sont effectuées chez des rats, pour une période de 90 jours. Après cette période, on regarde si le fait d’avoir consommé des OGM a eu un impact quelconque sur les animaux.
Plusieurs critiques ont été émises par rapport à ce processus d’approbation, notamment parce que les études émanent de la compagnie qui désire faire approuver l’OGM, mais également parce que Santé Canada, contrairement à l’Union Européenne, à la Chine et à la Russie, n’exige pas d’études sur la toxicité chez les animaux. De plus, dans ces cas, plusieurs considèrent que 90 jours, sur une durée de vie de 2 ans pour les rats, n’est pas suffisant pour voir apparaître des problèmes de santé.
Déjà en 2003, la commission de l’éthique en science et en technologie du gouvernement du Québec recommandait que le processus soit rendu plus sévère, que l’évaluation se fasse avec des experts indépendants et que toutes les données soient rendues publiques.
Que disent les études sur l’impact des OGM sur la santé?
En 2012, une revue de littérature portant sur l’impact des OGM sur la santé a été publiée. Cette dernière évaluait les études de toxicité effectuées chez les animaux à long terme (jusqu’à 2 ans) et multigénérationnelles (2 à 5 générations). Les auteurs concluent, en analysant les résultats de ces 24 études, que les aliments génétiquement modifiés ne semblent pas causer d’impact significatif sur aucun des paramètres évalués chez les animaux. Cependant, il est important de noter que les études variaient énormément les unes des autres. Les aliments évalués, les quantités données, les animaux utilisés et les durées étaient différents, et les auteurs concluaient que plusieurs études présentaient de grandes lacunes, ce qui rend difficile une généralisation des résultats.
Selon un groupe de chercheurs internationaux indépendants ayant publié un avis sur la question en 2015, la plupart des études ayant déclaré que les aliments GM ne causaient aucun problème étaient financées par l’industrie qui les produits ou par des partenaires commerciaux. Selon ce groupe, les résultats considérés comme « non significatifs » par ces études peuvent être analysés d’une toute autre façon par d’autres chercheurs, amenant des conclusions différentes.
Qu’en est-il des allergies alimentaires?
Certaines personnes ont des réactions allergiques sévères à certains aliments. Il est donc légitime de se demander si les OGM ne contribueraient pas encore plus à ce phénomène.
Lors d’allergies alimentaires, le système immunitaire réagit de façon anormale aux aliments, et plus précisément, à certaines protéines qu’ils contiennent. Puisque les OGM contiennent des gènes issus d’autres organismes, il est à se demander si certains d’entre eux ne pourraient pas contenir des protéines allergènes. Par exemple, une variété de soya GM à l’aide d’un gène provenant de la noix du Brésil a déclenché des réactions chez des gens allergiques à la noix du Brésil.
Pour l’instant, aucune donnée n’indique que les OGM sont plus allergènes que les aliments conventionnels, mais il faut évidemment évaluer ces derniers au cas par cas. Cependant, Santé Canada ne demande pas d’études chez l’être humain avant l’approbation de ces aliments.
En bref, trancher sur le dossier des OGM est très complexe puisque les avis diffèrent. Pour savoir où se trouvent les OGM, consultez notre article : « Des OGM dans votre assiette ».