Sommet de l’alimentation du Québec : la parole aux consommateurs

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Le 6 septembre dernier, M. Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), annonçait le lancement d’un chantier de réflexion regroupant tous les acteurs de l’industrie bioalimentaire, Y COMPRIS les consommateurs! Une première dans le domaine apparemment. Or, la première rencontre préparatoire de ce chantier se tiendra le vendredi 21 octobre prochain. Qu’y aura-t-il au menu? Petit tour d’horizon des ambitions alimentant ce chantier.

Trois rencontres, un Sommet, une politique

Pour nourrir son initiative, le MAPAQ organisera d’abord trois rencontres préparatoires. Ces rencontres seront animées par des conférenciers et des panellistes ayant pour mission de bien camper les enjeux propres à ce secteur et de recueillir les perspectives pour fixer les priorités de développement dans ce secteur.

Outre celle du 21 octobre (dont il sera question dans la suite de ce billet), une deuxième sera tenue en février 2017, à Drummondville, pour réunir transformateurs, distributeurs et restaurateurs dans le but de discuter des façons de développer le « plein potentiel de l’industrie alimentaire québécoise sur les marchés d’ici et d’ailleurs ». Quelques mois plus tard, en mai, aura lieu la troisième, à Lévis. On y explorera les « perspectives d’avenir des entrepreneurs agricoles et pêcheurs ». Les fruits de ces trois rencontres serviront d’engrais au Sommet comme tel, tenu lui à l’automne 2017 et rassemblant autour d’une même table consommateurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, entrepreneurs agricoles et pêcheurs.

De l’ensemble de ces réflexions, le MAPAQ souhaite tirer, au printemps 2018, un document-cadre faisant consensus auprès des trois catégories d’intervenants. Ce cadre, la Politique bioalimentaire du Québec, aura pour objectif ultime d’encourager une « industrie bioalimentaire prospère et à l’écoute des demandes et des attentes des consommateurs ».

Québec veut savoir

Lors de la conférence inaugurant le Sommet, le ministre Paradis a insisté sur le rôle de premier plan des consommateurs dans l’industrie alimentaire et le désir du MAPAQ de l’inclure concrètement dans un dialogue réunissant tous les acteurs du secteur.

Or, on le disait, la première rencontre, visant les consommateurs, aura lieu à Montréal la semaine prochaine et sera animée par le populaire chef Ricardo. Il sera accompagné de divers intervenants, dont JoAnne Labrecque (professeure de marketing aux HÉC), Hélène Laurendeau (nutritionniste et animatrice) et Hugo Muñoz Ureña (professeur et chercheur en sécurité alimentaire, Université du Costa Rica et Université Laval). L’idée de cette première rencontre et des activités connexes est, outre de mettre la table sur les différents enjeux du secteur, de récolter « les attentes et les besoins des consommateurs d’aujourd’hui et de demain », par l’entremise notamment d’ateliers de réflexion et d’une table ronde abordant un éventail de préoccupations.

Bien que la participation à cette rencontre préparatoire soit sur invitation seulement, tout le Québec, TOUT, est néanmoins invité à participer au processus de réflexion par l’intermédiaire de la plateforme Web. Les consommateurs peuvent s’y informer et s’y exprimer sur diverses thématiques, thématiques qui sont assorties de questions directrices :

  • La saine alimentation : « les aliments bons pour la santé composent-ils majoritairement votre alimentation? », « de quelles façons pourrait-on améliorer l’offre des aliments bons pour la santé? », « quelle importance accordez-vous aux allégations santé? »
  • Le gaspillage alimentaire : « le gaspillage alimentaire vous préoccupe? », « décrivez vos habitudes de consommation au quotidien pour éviter le gaspillage », « expliquez comment chaque personne pourrait apporter sa contribution », « précisez quels changements la société pourrait effectuer »
  • L’étiquetage : « l’étiquetage des aliments est important pour vous? », « que voulez-vous voir sur l’étiquette des aliments, en plus de l’information nutritionnelle? », « comment faciliter pour tout le monde la compréhension des étiquettes? », « de quelles autres façons pourrait-on en savoir plus sur un aliment et éviter le trop-plein d’information sur l’étiquette? »
  • L’hygiène et la salubrité : « l’hygiène et la salubrité font[-ils] partie de votre routine? », « que faites-vous pour prévenir les intoxications alimentaires à la maison? », « êtes-vous préoccupé par la qualité des aliments que vous consommez? », « quels renseignements aimeriez-vous obtenir, pour vous sentir en confiance, à propos des conditions de préparation des aliments que vous achetez? »
  • Les allergies : « les allergies vous préoccupent? », « comment faciliter le repérage des allergènes? », « si vous ou vos proches avez des allergies, quelles solutions doivent être mises en œuvre pour que vous puissiez vous alimenter sans tracas? »
  • Le droit de savoir : « en savoir davantage sur les aliments vous préoccupe? », « que souhaitez-vous savoir sur les produits que vous achetez? », « où et comment voudriez-vous consulter ces renseignements? », « quelles sources d’information vous inspirent le plus confiance? »
  • La certification : « êtes-vous à la recherche des produits certifiés? », « quelle importance accordez-vous aux certifications au moment de l’achat de vos aliments? », « est-ce pour vous un gage de qualité? », « que pensez-vous de la variété et du nombre des certifications? », « quelles sont les meilleures façons de vous y retrouver? »
  • Les aliments biologiques : à venir – la section est encore en développement sur le site Web
  • « On vous écoute » : ici, vous pouvez poser toute question ou partager tout commentaire sur l’alimentation, notamment l’origine des aliments, les méthodes de production et d’élevage, la qualité des produits alimentaires, etc.

Des pour et des contre

L’initiative est saluée par de nombreux intervenants, dont notamment la Coalition Poids, qui souhaite que la politique encourage « les choix santé et l’accès physique et économique à des aliments sains, en plus de protéger la santé des citoyens ».

Le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) reconnaît également avec enthousiasme la démarche du MAPAQ, puisqu’elle place le consommateur au cœur du projet. Toutefois, le RCCQ espère que ce ne sera pas une « vaste étude de marché et [que] le régime alimentaire à plusieurs vitesses [proposé par] notre système alimentaire actuel (…) ne soit finalement pas du tout questionné ».

D’autres voix, moins favorables, se sont élevées pour souligner notamment la crainte que cette politique ne soit pas assortie de mesures budgétaires à sa publication, mais plutôt de promesses électorales associées à la prochaine campagne, qui se tiendra cette même année.

D’autres craignent le double discours des consommateurs. « Mais encore? », vous me direz. En fait, selon l’Union des producteurs agricoles et d’autres intervenants, questionner les consommateurs sur leurs attentes en matière d’alimentation (achat local, bio, étiquetage, etc.) permettra certes d’en avoir un portrait, mais il n’en reste pas moins que, peu importe ce qui en ressortira, le prix demeurera le premier facteur guidant les achats.

Ce qui n’est pas faux. Mais à mon humble avis, mettre en lumière ces aspects, ces écarts entre les préoccupations, les attentes des consommateurs et la réalité de intervenants du secteur agricole est primordial. Il s’agit d’un exercice incontournable auquel tous doivent se prêter en toute honnêteté, en tant que société, et dont TOUS les intervenants (consommateurs, producteurs, transformateurs, gouvernement, etc.) doivent prendre acte. Pour avancer ensemble vers un « avenir alimentaire » durable à tous les points de vue, chacun doit apprendre à se comprendre, à connaître la réalité de l’autre, afin d’avoir un système alimentaire inclusif, dont tous les maillons sont connectés avec lucidité et parties prenantes.

Restez informés, mais surtout, faites-vous entendre!

Peu importe les doutes qui planent, une chose est sûre, c’est que le micro est clairement tendu aux consommateurs. Alors, profitez-en pour le saisir et faire entendre vos voix!

Pour ce faire, parcourez la plateforme – elle sera accessible et bonifiée tout au long du chantier, jusqu’à la publication de la politique. Une équipe du MAPAQ fait le suivi hebdomadaire des réflexions ajoutées, puisqu’elles serviront à chacune des rencontres préparatoires. Vous pourrez – et êtes fortement invité(e)s à le faire :

  • vous y informer de façon ludique sur les différentes thématiques
  • y consulter le cahier thématique présentant la première rencontre préparatoire
  • y « laisser votre empreinte » en :
  • répondant aux questions éclairs hebdomadaires proposées à la page d’accueil du site
  • partageant vos commentaires sur l’une ou l’autre (ou toutes!) les thématiques abordées
  • ajoutant tout sujet qui vous interpelle, mais qui ne se rapporte pas aux thématiques établies à la section On vous écoute.

Vous pourrez aussi suivre les développements sur Twitter – et vous y exprimer aussi – en utilisant le mot-clic #SommetAlimQc.

Si vous souhaitez assister virtuellement à la rencontre préparatoire du 21 octobre (ainsi qu’à toutes les autres et au Sommet), sachez qu’elle sera diffusée en direct sur la plateforme du Sommet. Ce qui en ressortira sera également publié sur le site ultérieurement.

Allez hop! Vous avez encore quelques jours pour répondre à l’invitation du MAPAQ et lui faire connaître votre vision et vos rêves à l’égard de l’alimentation et du système qui la nourrit! De mon côté, j’y vais de ce pas.

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