Santé mentale
Des chercheurs ont observé que certains enfants atteints de troubles de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) présenteraient une carence en acides gras oméga-3. Cela signifie-t-il que ces enfants devraient prendre des suppléments alimentaires pour réduire les symptômes de ces troubles? Des quelques études menées sur le sujet, il ressort encore aujourd’hui plus de questions que de réponses…
Un trouble encore mal compris
Le TDAH est un trouble de comportement touchant de 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire. Il existe 6 formes différentes de TDAH présentant différents symptômes.
De façon générale, les enfants atteints de ce trouble :
- éprouvent de la difficulté à se concentrer ;
- éprouvent de la difficulté à terminer un travail ;
- sont impulsifs ;
- sont facilement distraits.
Ces symptômes provoquent souvent d’autres problèmes à l’école, avec les amis et avec les membres de la famille.
Les origines de ce trouble sont encore mal connues. L’hérédité a certainement un rôle à jouer, mais l’environnement serait également en cause.
À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif. Certains médicaments et des thérapies comportementales contribuent à réduire les symptômes de certains TDAH. Toutefois, les experts ne s’entendent pas sur la sécurité et l’efficacité de leur utilisation à long terme. De plus, les différentes formes de TDAH remettent en question la pertinence d’une seule approche thérapeutique.
Il s’effectue donc encore beaucoup de recherches dans le domaine pour identifier les causes du TDAH et élaborer des approches thérapeutiques efficaces et sécuritaires.
Les oméga-3 : la solution?
Les oméga-3 sont des acides gras essentiels (AGE), c’est-à-dire que l’organisme ne peut les synthétiser. On doit donc se les procurer par le biais de notre alimentation.
C’est au début des années 80 que des chercheurs ont, pour la première fois, observé que les enfants atteints de TDAH présentaient des taux sanguins d’acides gras oméga-3 (AGE) inférieurs à ceux des autres enfants. Quelques années plus tard, d’autres études ont indiqué que les enfants atteints de ce trouble présentaient des symptômes semblables à ceux provoqués par une carence en AGE. Et plus la fréquence des symptômes était élevée, plus les taux sanguins d’AGE étaient faibles… Et si la supplémentation en AGE permettait de réduire ces symptômes?
Pour répondre à cette question, quelques études cliniques ont été menées depuis. Les résultats sont toutefois contradictoires : certaines n’observent aucun bénéfice à la supplémentation, d’autres oui. Il ressort de ces études plus de questions que de réponses :
- La supplémentation serait-elle bénéfique seulement à certaines formes de TDAH et pas à d’autres?
- Certains types d’acides gras essentiels utilisés dans les suppléments seraient-ils plus efficaces que d’autres?
- Les doses utilisées dans ces études sont-elles suffisantes pour produire un effet?
- La durée de ces études permet-elle d’observer une réduction des symptômes?
- Les faibles taux d’acides gras oméga-3 dans le sang sont-ils réellement causés par le TDAH ou ne découleraient-ils pas plutôt de conditions souvent liées à ce trouble comme la dyspraxie ou la dyslexie?
Qu’en disent les études actuelles?
Un recensement des études sur ce sujet a été effectué en juillet 2012 par un groupe de recherche. Le groupe a conclu que malgré les preuves limitées d’une amélioration des symptômes, il y a encore trop peu de données en faveur de la supplémentation en omega-3 comme traitement pour les enfants hyperactifs. Toutefois, compte tenu des faibles risques d’effets secondaires, d’autres chercheurs jugent que la supplémentation en oméga-3 serait envisageable comme complément au traitement pharmacologique ou pour les familles qui refusent les médicaments et thérapies habituelles.
Finalement, les données actuelles ne permettent pas aux spécialistes d’affirmer que la carence en acides gras essentiels soit la cause du TDAH, pas plus que la supplémentation en acides gras oméga-3 n’en réduise définitivement les symptômes.
Toutefois, il est important d’inclure dans son alimentation quotidienne des quantités suffisantes d’acides gras essentiels (AGE).
Chez la femme enceinte et chez celle qui allaite, ces acides gras assurent le bon développement nerveux et visuel du fœtus et du nourrisson. Ils contribuent également à vous protéger contre les maladies du cœur.
Une excellente façon d’augmenter la teneur en oméga-3 de votre alimentation est de manger du poisson grillé ou au four deux à trois fois par semaine. Les graines de lin, les œufs enrichis, l’huile de canola et les noix de Grenoble en contiennent également.
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