Poids
Les préjugés à l’égard du poids sont présents et même valorisés dans notre société. La littérature scientifique des deux dernières décennies le démontre : plusieurs fausses croyances sont entretenues envers les personnes obèses, ce qui alimente la discrimination à leur égard.
Les manifestations de la stigmatisation à l’égard du poids
La stigmatisation à l’égard du poids se définit comme : « Des attitudes et croyances négatives concernant le poids qui s’expriment sous la forme de stéréotypes, de préjugés et de traitement injustes à l’égard des personnes en surpoids ou obèses ».
Les manifestations les plus fréquentes de stigmatisation à l’égard du poids se présentent sous forme de commentaires verbaux, de jugements, de remarques désobligeantes et de moqueries liés au poids, qui entretiennent certains préjugés et stéréotypes envers les personnes en surpoids. De plus, elles peuvent s’exprimer par de l’exclusion sociale, de l’intimidation ou de l’agression physique.
Les préjugés liés à l’obésité : un poids lourd à porter au quotidien
Que ce soit au travail, dans les cours d’école, dans les services de garde, au sein d’organisations sportives, et même à la maison, les préjugés à l’égard du poids sont plutôt tenaces.
Les préjugés liés au poids peuvent démarrer dans l’entourage direct de la personne. Selon les données autorapportées de 2449 femmes en surpoids ou obèses, 72 % d’entre elles rapportaient que les membres de la famille étaient la source la plus fréquente de préjugés à l’égard du poids. Certains proches peuvent entretenir, sans le savoir, des préjugés en utilisant des surnoms affectueux faisant référence à l’apparence physique, tels que « mon petit bedon », ou encore en traitant différemment un enfant en surpoids, en offrant par exemple du dessert à tous les membres de la famille sauf à celui-ci.
La discrimination se déroule également à l’école. À la fin du primaire, les jeunes obèses auraient 63 % plus de risque d’être intimidés par leurs pairs, et ce phénomène perdure à l’école secondaire. Le milieu professionnel n’y échappe pas non plus. Les données scientifiques démontrent que les pratiques d’embauche sont inéquitables, que les salaires sont inférieurs, et que les licenciements sont abusifs envers les personnes obèses. Selon les données autorapportées présentées précédemment, 69 % des femmes en surpoids ou obèses affirment avoir subi de la stigmatisation à l’égard de leur poids de la part d’un médecin. Bien que plusieurs professionnels de la santé s’entendent pour dire que la santé est plus qu’une question de poids, ces préjugés sont tellement ancrés dans notre société que certains professionnels n’y échappent pas.
Les conséquences des préjugés à l’égard du poids : tous y perdent
Les conséquences pour les victimes de stigmatisation et de discrimination ainsi que pour les personnes témoin de tels traitements sont nombreuses. Entre autres, leur santé physique et leur bien-être psychologique peuvent être affectés. À ce propos, certaines données scientifiques démontrent que cette stigmatisation augmente le risque de dépression, d’anxiété, d’isolement, d’insatisfaction corporelle, de préoccupation excessive à l’égard du poids et de faible estime de soi chez les victimes.
Fait inquiétant, cette discrimination peut également conduire certaines personnes à adopter des comportements malsains, tels qu’une mauvaise relation avec la nourriture, certains troubles de comportements alimentaires, ou une réduction du niveau d’activité physique. Des femmes en surpoids ou obèses ont d’ailleurs révélé avoir mangé davantage ou avoir cessé leurs efforts de perte du poids en réaction à de la stigmatisation à l’égard de leur poids. Comme quoi les préjugés liés au surpoids et les commentaires désobligeants peuvent exacerber les problématiques de poids!
De plus, les préjugés à l’égard du poids contribuent à augmenter l’insatisfaction corporelle chez les jeunes et les adultes. Par crainte de devenir obèses, de subir le jugement négatif des autres et d’être rejetées, certaines personnes ayant un poids santé peuvent même devenir obsédées par leur apparence. À cet effet, ÉquiLibre rapporte qu’au Québec, 50 % des femmes de poids normal souhaitent maigrir et 50 % des jeunes sont insatisfaits de leur image corporelle.
Les sources profondes de ces préjugés
Les médias et l’industrie de la publicité vantent les bénéfices esthétiques associés au maintien d’une silhouette élancée et mince. La minceur est ainsi devenue synonyme de modération, de maîtrise de soi, d’acceptation sociale et de succès, ce qui porte plusieurs personnes à tenter d’atteindre cet « idéal ». Au contraire, les personnes obèses sont plutôt dépeintes de façon négative dans les publicités ou à la télévision. Elles sont décrites comme étant paresseuses, hostiles, peu attirantes et ayant peu d’amis. La plupart du temps, elles sont la cible de moqueries et sont souvent présentées en train de manger de la restauration rapide ou de regarder la télévision.
Même les dessins animés n’échappent pas aux stéréotypes liés au poids! Une étude regroupant 1221 dessins animés a d’ailleurs révélé que les personnages en surpoids avaient tendance à être dépeints comme étant peu attirants et comme ayant des traits indésirables, tel un caractère agressif ou antisocial, comparativement aux personnages plus minces.
Dans les médias et dans la société, une fausse croyance fait référence au fait que l’individu est le seul responsable de son surpoids. Autrement dit, plusieurs personnes estiment que les personnes obèses n’ont qu’à « se prendre en main » pour voir fondre leurs kilos en trop. Une analyse portant sur 751 articles publiés dans le New York Times portant sur l’obésité a d’ailleurs révélé que ces nouvelles blâmaient majoritairement les individus de leur condition, plutôt que certains facteurs biologiques, sociaux ou environnementaux, qui ont pourtant un grand rôle à jouer dans les problématiques de poids. Une revue de la littérature publiée en 2011 confirme d’ailleurs que cette croyance est bien ancrée au sein de la population américaine.
Parfois, la bonne volonté et la modification de son mode de vie ne suffisent pas pour perdre du poids. Pour en savoir plus, lisez notre article La santé : plus qu’une question de poids!