Cancer
Le soya se taille une place de plus en plus importante dans l’alimentation nord-américaine. On lui voue plusieurs effets bénéfiques pour la santé, notamment la prévention du cancer du sein en raison de son contenu riche en phytoestrogènes. Cependant, cet effet protecteur n’est pas observé chez toutes les femmes, surtout en Amérique du Nord. Il vaut donc mieux se tourner vers le soya pour sa versatilité en cuisine plutôt que pour ses effets contre le cancer.
Le soya est une légumineuse originaire d’Asie, particulièrement présente dans l’alimentation des habitants de ce continent. La forte consommation de soya et ses produits dérivés et la faible incidence de cancer du sein dans ces pays ont poussé la communauté scientifique à étudier l’existence possible d’un lien entre ces deux facteurs.
Le soya contient des phytoestrogènes, des molécules qui ressemblent à l’œstrogène, une hormone synthétisée par le corps humain. Dans l’organisme, les phytoestrogènes et les œstrogènes seraient en compétition pour entrer dans les cellules. Les phytoestrogènes prendraient donc la place des « vrais » œstrogènes, sans toutefois être aussi actifs sur le plan hormonal.
L’œstrogène contribuerait à la prolifération de certains types de cellules cancéreuses, tandis que les phytoestrogènes entraîneraient leur destruction, diminuant ainsi la dimension des tumeurs mammaires. En ayant des taux sanguins moins élevés de « vrais » œstrogènes, le risque de cancer du sein serait donc diminué.
Le soya à ses heures
Les Asiatiques, qui intègrent le soya à leur alimentation depuis des générations, profiteraient davantage de ses effets protecteurs que les Nord-Américaines, chez qui la consommation de cette légumineuse commence plutôt à l’âge adulte. Certains chercheurs ont étudié l’impact de consommer le soya à différents moments de la vie. À ce jour, il n’est pas clairement établi à quel moment de la vie l’alimentation riche en soya influence le plus le risque de cancer. Toutefois, des études viennent à la conclusion que des apports en isoflavones élevés durant l’enfance et l’adolescence diminueraient le risque de développer un cancer du sein dans le futur.
La quantité et la source de phytoestrogènes pourraient également peser dans la balance. Alors que les femmes asiatiques consomment en moyenne 10 mg d’isoflavones, un type de phytoestrogènes, par jour, les femmes américaines et européennes en consomment 1 à 2 mg. En Asie, le soya est principalement consommé sous des formes peu transformées et fermentées telles que le tofu, le miso, les edamame, le natto et les boissons de soya. En Amérique, ce sont la farine de soya et les aliments transformés tels que les beignes et le pain blanc qui représentent les principales sources de phytoestrogènes.
Anti-cancer pour qui?
Le soya aurait un certain effet protecteur contre le cancer du sein, mais seulement chez les femmes qui ne sont pas ménopausées. De plus, les effets antioxydants du soya varieraient selon la génétique. Ainsi, certaines répondent très bien aux phytoestrogènes, tandis que d’autres n’ont pas la génétique compatible aux bénéfices de ces antioxydants. Cependant, certaines recherches ont démontré qu’une fois l’étape de la ménopause franchie, les phytoestrogènes n’entraîneraient plus d’effet significatif sur le risque de développer un cancer du sein.
Il est toutefois très important de souligner que les potentiels effets bénéfiques du soya contre le cancer du sein sont majoritairement observés chez des populations asiatiques. Une revue de littérature publiée en 2013 exposait que sur les 19 études ayant démontré un effet bénéfique, 14 concernaient des femmes asiatiques.
Le verdict!
Comme il manque encore beaucoup d’informations concernant les effets des suppléments d’isoflavones ou de phytoestrogènes, les femmes atteintes du cancer du sein devraient s’abstenir d’en consommer. Le soya (sous forme d’aliments) devrait faire partie d’une alimentation variée.
Même si le soya n’est pas reconnu comme un aliment miracle pour protéger du cancer du sein, il demeure tout de même très intéressant. On le consomme pour ses protéines, ses fibres et la qualité de ses gras, majoritairement polyinsaturés, donc bénéfiques pour le cœur.