Consommation responsable
Depuis l’invention de l’agriculture, l’Homme manipule les plantes et les animaux afin d’en améliorer leurs caractéristiques. Traditionnellement, ce travail est long puisqu’il faut cultiver les espèces, choisir les individus qui présentent les caractéristiques désirées, puis effectuer ce travail pendant de nombreuses années avant d’obtenir un cultivar. Le développement de la transgénèse, permettant la modification du matériel génétique, permet non seulement de choisir des caractéristiques désirées de la même espèce, mais également d’autres espèces.
Les principales cultures génétiquement modifiées (GM) à l’échelle mondiale sont le soya, le maïs, le coton et le canola. En 2014, la superficie mondiale des cultures transgéniques a atteint un peu plus de 181,5 millions d’hectares.
Ainsi, 98 % de la superficie mondiale cultivée en OGM se trouve dans dix pays principaux : les États-Unis (40,3 %), le Brésil (23,3 %), l’Argentine (13,4 %), l’Inde (6,4 %), le Canada (6,4 %), la Chine (2,1 %), le Paraguay (2,1 %), le Pakistan (1,6 %), l’Afrique du Sud (1,5 %) et l’Uruguay (0,9 %).
Au Canada, treize espèces de plantes GM ont été approuvées à des fins de commercialisation.
Elles se répartissent dans dix catégories :
- Résistance aux insectes (maïs-grain Bt, maïs sucré Bt, pomme de terre Bt, Tomate Bt, coton) ;
- Tolérance aux herbicides (maïs-grain, maïs sucré, soja, lin, canola, coton, betterave sucrière, luzerne, riz) ;
- Résistance aux virus (courge, papaye, pomme de terre) ;
- Mûrissement retardé (Tomate) ;
- Changement dans la composition en huile (soja, canola) ;
- Changement dans la composition nutritionnelle (maïs) ;
- Contrôle du pollen (maïs, canola) ;
- Bioproduits/biocarburants (maïs) ;
- Résistance au brunissement enzymatique (pomme) ;
- Tolérance à la sécheresse (maïs).
Les deux modifications génétiques les plus répandues présentement sont la tolérance aux herbicides et la résistance aux insectes.
Une espèce animale est également approuvée. Il s’agit du saumon atlantique AquAdvantage, qui présente une croissance accélérée.
La tolérance aux herbicides
Les rendements agricoles seraient grandement touchés si les mauvaises herbes n’étaient pas éliminées. Traditionnellement, c’est par désherbage mécanique que les agriculteurs retirent les mauvaises herbes. Pour l’agriculteur, le contrôle des mauvaises herbes est nettement simplifié par l’utilisation des herbicides. Or, les mauvaises herbes ne sont pas les seules à être détruites par les pesticides, les plantes cultivées également.
Des chercheurs ont donc mis au point des plantes génétiquement modifiées capables d’inactiver l’action de certains herbicides. Autrement dit, ce sont des plantes tolérantes à un herbicide. Ces cultures transgéniques ont été commercialisées sous le nom de « Roundup Ready » ou « Liberty Link ». Ces plantes GM, vendues exclusivement par les compagnies qui produisent les herbicides, peuvent continuer de pousser normalement, alors que les mauvaises herbes disparaissent progressivement après l’épandage de l’herbicide.
La quantité globale d’herbicides utilisée n’en a pas moins diminué, au contraire. Les ventes de glyphosate, l’agent actif du Roundup, sont passées de 999 584 kilos en 2006, à 1 712 684 kilos en 2012 au Québec. Et ce, même si les surfaces de culture, elles, ont diminué. Bref, on épand maintenant plus d’herbicides sur une même surface. Le glyphosate a été trouvé dans une majorité des cours d’eau à proximité de champs de maïs et de soya lors d’analyses gouvernementales, ce qui a un impact sur la biodiversité locale.
La résistance aux insectes
Les insectes constituent un autre problème auquel l’agriculteur doit faire face.
Pour remédier à ce problème, les scientifiques se sont inspirés d’un insecticide « biologique », le Bt (Bacillus thuringiensis). Le Bt est une bactérie du sol qui entraîne la mort de certains insectes en produisant une toxine qui paralyse leur système digestif.
L’utilisation du Bt n’est pas récente. Cet insecticide est employé en agriculture biologique et dans la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Le Bt comme insecticide biologique est avantageux, car il n’est pas toxique pour les animaux ni pour les humains. Il se dégrade également très rapidement dans l’environnement.
Les OGM Bt produisent dans leurs feuilles la protéine « destructrice ». Ainsi, les insectes qui grugent les feuilles de ces plantes ingèrent la toxine et meurent quelques jours plus tard. Et cette protéine n’est pas toxique pour les animaux ni pour les humains. Des études multigénérationnelles effectuées chez des vaches, des moutons, des poulets, des bœufs, des porcs et des cailles n’ont trouvé aucune différence significative entre les animaux nourris avec du maïs-grain Bt et ceux nourris avec du maïs-grain non GM.
Au Canada, le maïs Bt est utilisé pour lutter contre la pyrale du maïs. Avant la venue du maïs Bt, l’agriculteur n’avait aucun moyen efficace de lutter contre cet agent ravageur. L’option la plus courante était de détruire les plantes infestées. Maintenant, le rendement est supérieur avec ce type d’OGM.
Cependant, plusieurs s’inquiètent du phénomène de résistance aux insecticides. En effet, les insectes pourraient développer une résistance au Bt et l’insecticide deviendrait alors inefficace, voire inutile. Des stratégies sont actuellement mises en place pour minimiser l’apparition de cette résistance, telles que la conservation d’au moins 20 % de la superficie totale cultivée de maïs non Bt, permettant ainsi la gestion de la résistance possible des insectes. Alors qu’en 2009, seulement 61 % des agriculteurs canadiens suivaient cette consigne, en 2013, 87,5 % d’entre eux répondaient à ce critère.
Ainsi, la biotechnologie moderne offre aujourd’hui un outil aux agriculteurs pour protéger leurs récoltes contre les insectes et les maladies et ainsi réduire les pertes.