Achats/étiquettes nutritionnelles
«Léger», «Faible en gras», «Sans sucre ajouté»… Les produits allégés donnent bonne conscience, mais pouvez-vous vraiment leur faire confiance?
En principe, les produits allégés sont des produits classiques dont la quantité de sucre ou de matières grasses a été réduite. Vous devriez obtenir ainsi un produit moins calorique.
Mais attention, ce n’est pas nécessairement le cas. En effet, on trouve fréquemment un produit allégé contenant presque autant de calories que la version originale.
Moins de gras, plus de sucre…
Les matières grasses apportent des calories, mais aussi une texture et un goût aux aliments.
En coupant les matières grasses, divers subterfuges doivent être mis en œuvre pour préserver le goût, la texture et le volume des produits allégés :
- Ajout de gélifiants, de fibres d’amidon ou de sucres (plats cuisinés, yogourt, mayonnaise, desserts, etc.)
- Ajout d’eau (margarine et beurre)
- Ajout d’air (crème glacée, mousse)
Certes, la teneur en matières grasses des produits allégés en gras est diminuée mais, en contrepartie, la quantité de glucides (fibres, amidon) et de sucre augmente souvent. Résultat : certains produits faibles en gras sont presque aussi caloriques que leur version originale!
Par exemple, le magazine Protégez-vous a observé que plusieurs produits allégés contenaient seulement environ 10 calories de moins que le produit traditionnel (beurre d’arachide, biscuits, yogourt, barres tendres, crème glacée, etc.). Un bien maigre bénéfice…
Moins de sucre, moins de calories?
Contrairement aux matières grasses, il existe des produits de substitution au sucre fournissant le goût sucré recherché sans les calories : les édulcorants de synthèse (aspartame, acésulfame de potassium, sucralose, etc.).
Il est donc possible de retrouver sur les tablettes de votre épicerie des aliments sans sucre (boissons gazeuses ou à saveur de fruits, par exemple) ne contenant aucune calorie. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’y a pas assez de données probantes pour affirmer que les édulcorants artificiels peuvent calmer l’appétit, favoriser le maintien d’un poids naturel et diminuer l’apport en sucre ajouté. Car avouons-le, opter pour un produit ne contenant aucune calorie en cas de petit creux ne risque pas de combler votre faim. Résultat : vous resterez sur votre faim et vous serez probablement tenté de manger d’autres aliments sucrés par la suite…
Bref, au lieu de miser sur les édulcorants de synthèse, il est préférable de désensibiliser ses papilles au goût sucré des aliments, qu’ils renferment ou non des calories. Trouvez quelques trucs à cet effet dans l’article Extenso « Comment manger moins de sucre ? »
De plus, certains produits réduits en sucre, comme le chocolat, peuvent être additionnés de fibres ou de gras, donc autant, sinon plus, caloriques.
L’allégation «sans sucre ajouté» peut également porter à confusion : le produit peut contenir naturellement une quantité importante de sucre. Par exemple, 1 cuillère à table (15 ml) de certaines confitures « sans sucre ajouté » fournit l’équivalent d’une cuillère à thé (5 ml) de sucre provenant des fruits utilisés et peut renfermer des jus concentrés ou des purées de fruits riches en sucre.
Moins de calories, des portions plus généreuses ?
De plus, saviez-vous que lorsqu’on perçoit un aliment comme étant plus « santé » ou « léger », on a tendance à sous-estimer sa teneur calorique et, par le fait même, à en consommer davantage. On aurait ainsi tendance à consommer 35% plus d’aliments quand on perçoit un repas comme étant plus « santé ». C’est ce qu’on appelle l’effet d’« halo santé ». Par exemple, plusieurs études ont démontré que l’on avait tendance à manger plus de biscuits ou de friandises lorsqu’ils affichaient une teneur réduite en calories ou en matières grasses.
Par le fait même, une personne qui a tendance à classer les aliments comme étant « bons » ou « mauvais » risque d’avoir de la difficulté à évaluer les nombreuses zones grises en matière d’alimentation. Elle considérera par exemple que toutes les salades sont nutritives et « légères », même si une salade César contient plus de gras, de sel et de calorie qu’un Hamburger par exemple. Ainsi, avoir une perception dichotomique des aliments amène à sous-estimer la valeur calorique des aliments dits « santé » et à sur-évaluer la densité calorique des aliments considérés comme étant « mauvais » ou « engraissants ».
Or, aucun aliment n’a à lui seul le pouvoir de nous faire maigrir ou de nous faire prendre du poids. Tout est une question de quantité, de variété et de fréquence.
L’ajout de certains aliments ou nutriments peut également fausser l’évaluation nutritive qu’on se fait d’un repas. Des études ont d’ailleurs démontré qu’un Hamburger était perçu comme étant moins calorique qu’un Hamburger combiné à une salade. Pourtant, les légumes ne procurent aucune calorie négative! D’ailleurs, aucun aliment n’a le pouvoir de réduire la teneur calorique d’un mets!
L’industrie agroalimentaire a d’ailleurs bien compris ce phénomène et elle s’en sert à son avantage depuis quelques années. En effet, elle enrichit à coup de graines de lin, de kale, d’oméga-3 ou de diverses vitamines et minéraux plusieurs produits ultra-transformés riches en sucre, en gras ou en sel, comme des croquettes de poulet, des pizzas surgelées ou des boissons sucrées. Ceci lui permet ainsi d’apposer certaines allégations nutritionnelles ou slogans sur ses emballages, attirant ainsi l’attention des consommateurs soucieux de leur santé.
De plus, étant perçus comme étant plus « léger » même si ce n’est pas le cas, les sucres de fruits ou d’agave remplacent de plus en plus le sucre blanc dans la liste des ingrédients. Or, ils fournissent exactement le même nombre de sucre et de calories!
Bref, qu’on se le dise une fois pour toutes, ajouter des vitamines et minéraux à des produits ne rend pas de la malbouffe ou des produits ultra-transformés nutritifs comme par magie.
Pour éviter les mauvaises surprises, lisez attentivement les étiquettes en comparant le nombre de calories, de matières grasses (lipides) et de sucres (glucides) par portion du produit allégé avec le produit original. Le résultat est parfois surprenant…
Le secret d’une perte de poids
Le secret d’une perte de poids demeure de manger moins et de bouger plus. Pour y arriver, faites confiance à vos signaux de faim et de satiété qui sont vos meilleurs alliés pour vous guider vers la consommation de portions correspondant à vos besoins. Ainsi, permettez-vous de manger chaque fois que vous avez une vraie faim (sensation de creux dans l’estomac, gargouillements, baisse d’énergie, salivation, etc.) et apprenez à arrêter de manger lorsque vous êtes rassasiés (absence de faim, sans être pleins)… Même s’il reste quelques bouchées dans l’assiette.
En mangeant plus souvent, vous serez ainsi moins affamés à l’heure des repas, ce qui vous aidera à faire de meilleurs choix alimentaires, à manger plus lentement et, par le fait même, à être plus en mesure de ressentir votre satiété.
Réduire la consommation de produits ultra-transformés, de boissons sucrées et d’aliments de restauration est sans contredit un bon moyen de limiter la quantité de matières grasses et de sucres ajoutés ingérés. À l’inverse, opter plus souvent pour des aliments frais, entiers et cuisinés à la maison permet de consommer des aliments ayant une meilleure valeur nutritive.
Bref, les croustilles régulières ou aux légumes, la crème glacée et les biscuits allégés ne sont pas vos meilleurs alliés. Plus souvent qu’autrement, on a tendance à en manger plus sous prétexte qu’ils sont allégés. Le résultat sur la balance risque alors de ne pas être celui escompté…
Misez plutôt sur les légumes, les fruits, les grains entiers, les légumineuses, les poissons, le tofu et les viandes maigres.
Surtout, misez sur de saines habitudes de vie (une alimentation nutritive et un mode de vie actif) pour votre bien-être et votre santé!