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Maîtrise finie, yes mam! Et qui dit maîtrise finie, dit plus de temps pour plein d’autres choses… comme le retour de l’activité physique! (Parce que oui, ça se peut, même à une nutritionniste qui travaille à temps plein, de laisser tomber quelque temps certaines bonnes habitudes étant donné qu’il n’y a que 24 heures dans une journée.) Alors me voilà, à attendre le début de la séance, dans mes leggings pimpants, plus motivée que jamais à suer ma vie! C’est alors que je surprends une conversation entre l’entraîneure et une participante. Elles jasent d’un programme de perte de poids très populaire, de son système de contrôle de portions et de shakes. L’entraîneure, qui en est ambassadrice, est particulièrement emballée… Mes leggings et moi, on est soudainement moins pimpants.
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La JISD 2016
Vous l’avez sans doute vu passer, vous y avez peut-être même participer, mais le 6 mai dernier, c’était la Journée internationale sans diète (la « JISD » pour les intimes). Et cette année, c’est sous le thème « Plaisirs NON coupables » qu’ÉquiLibre l’a organisée.
Un peu de perspective
Visant à dénoncer l’inefficacité des régimes amaigrissants et les dangers liés à l’obsession de la minceur, la JISD est soulignée depuis 2007 au Québec, à l’initiative d’ÉquiLibre.
Pourquoi a-t-on encore besoin d’une journée consacrée à cette problématique? Non, pas pour cautionner le fait de manger des « cochonneries » comme s’il n’y avait pas de lendemain. Contrairement à ce que certains peuvent penser.
Plutôt parce que plus que jamais, l’insatisfaction corporelle et ses comportements collatéraux (culpabilité, restriction / privation, adoption de régimes amaigrissants, etc.) font des victimes. L’an dernier, Elle Québec en collaboration avec ÉquiLibre révélait que, parmi les 2 300 Québécoises sondées
- plus du tiers (31 %) étaient d’avis que « bien manger » signifie se priver de ses aliments favoris;
- plus de la moitié (53 %) disaient se sentir coupables de manger;
- quatre femmes sur cinq tentaient de perdre du poids ou de le contrôler.
On vous en a déjà parlé certes, mais on en reparle parce que ces chiffres sont ahurissants, troublants et tristes. Parce que, qui dit contrôle, dit bonjour la restriction et le sentiment de privation. Et surtout, bye-bye le plaisir de manger quoi que ce soit sans culpabilité!
Qu’à cela tienne, de plus en plus nombreuses sont les personnes qui travaillent à déconstruire ces perceptions.
Poursuivre la conversation en 2016
L’an dernier, ÉquiLibre avait choisi de lancer une conversation visant à dénoncer plus particulièrement les pièges de la privation et de la culpabilité. Ses outils : un slogan on ne peut plus clair (« Pas besoin de se priver pour bien manger ») et des affiches chocs, qui ont suscité les réflexions. Jugez-en par vous-mêmes!
Ayant résonné haut et fort, la campagne de 2015 a donc inspiré ÉquilLibre à poursuivre la conversation cette année encore, en invitant la population québécoise à se déclarer « non coupable » d’avoir du plaisir à manger et en lui proposant quelques outils que voici.
La privation et la culpabilité peuvent prendre différentes formes : s’empêcher de savourer un morceau de gâteau occasionnellement, compter les calories d’un plat, surcompenser avec des « aliments santé », suivre carrément une diète, etc. Pour participer au changement de discours, ÉquilLibre invitait donc les Facebookiens de ce monde à prendre position en changeant leur photo de profil par l’une des suivantes :
Pour celles et ceux qui ont envie de se défaire des règles et de la culpabilisation quand vient le temps de manger, voici un outil très intéressant pour vous guider et vous aider à vous rebrancher sur les sensations physiologiques qui s’enclenchent lorsque vient le temps de manger son repas, mais surtout au plaisir! Vous pourrez le télécharger ici.
Enfin, voici quelques autres réflexions pour alimenter encore plus la conversation :
- Hamburger ou salade : le combat intérieur : Andrée-Ann Dufour-Bouchard y aborde les mécanismes enclenchés par la privation ainsi que la culpabilisation et vous lance aussi le défi de revoir vos perceptions des aliments et de réapprendre à manger avec plaisir, peu importe l’aliment.
- Manger sans culpabiliser : Hélène Laurendeau y présente de différents exemples frappants des effets pernicieux des complexes par rapport au poids.
La JISD, tous les jours
Pourquoi vous ais-je parlé de mes leggings pimpants au début de ce billet?
Parce que oui, en relâchant sur le sport pendant ma maîtrise, j’ai pris un peu du poids, même si j’ai continué à manger normalement. Ok, « normalement » pour une nutritionniste, vous allez me dire. Non, normalement comme quelqu’un qui éprouve autant de plaisir à manger de la poutine après un week-end de camping qu’une savoureuse salade inspirée du maître des saveurs Ottolenghi ou encore de celles de mon amie Julie. Mais surtout, comme quelqu’un qui refuse de catégoriser les aliments comme étant mauvais ou « santé », de se culpabiliser avec ses choix alimentaires et qui voit du plaisir dans tous les aliments…
Est-ce que mon tour de taille en a subi les conséquences? Oui. Est-ce que je me sens coupable? Non. Est-ce que je compte faire quelque chose à ce sujet? Oui, c’est sûr. Mais pour le plaisir de faire de l’exercice, parce que ça me manque. Pas parce que je veux avoir un beach body. Parce que, de toute façon, mon beach body, je l’ai déjà et il est parfait avec ses imperfections.
Et puis… la JISD, c’est tous les jours qu’on devrait la célébrer, non?
Avez-vous participé à la JISD? Quelle image avez-vous choisie?