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Du 12 au 16 août dernier, poules, plantes, abeilles et mangeurs-cultivateurs s’étaient donné rendez-vous à la 5e édition de l’École d’agriculture urbaine pour discuter de la résilience des villes et d’agriculture urbaine. Le lien entre résilience des villes et agriculture urbaine? Sachant que, dans ce contexte, la résilience se définit par la capacité d’une ville à survivre aux conséquences de chocs divers (changements climatiques, crise du pétrole, instabilité sociopolitique ou économique…), l’agriculture urbaine est appelée à jouer un rôle important par l’accès qu’elle donne à des produits alimentaires locaux de qualité. Organisée par le Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/LAB), le CRAPAUD et de nombreux autres collaborateurs, l’École offrait donc aux quelque 200 participants trois axes de formation explorant ce thème. Et c’est à la formation générale que mon collègue Bernard et moi avons assisté avec beaucoup d’enthousiasme. Tour d’horizon de quelques formes de résiliences alimentaires en ville.
Des poules en ville?
On le sait, les poules sont interdites de séjour dans la plupart des villes. L’hygiène, les maladies, les odeurs et le caquetage alimentent, souvent à tort, les mythes qui rendent les municipalités rébarbatives à l’idée de donner droit de cité aux poules. Ces mythes, Caroline Huard de Plumes et jardins s’est amusée à les déboulonner tout en soulignant l’importance de bien s’informer avant de s’embarquer dans toute aventure aviaire. Qu’on soit en ville ou en campagne, avoir des poules impose un certain mode de vie : construction, entretien et nettoyage du poulailler, alimentation et soins des poules, cueillette des œufs, protection contre les prédateurs… Difficile, voir impossible, de partir même un week-end, à moins d’avoir des voisins ayant envie de s’occuper de vos poules pendant votre absence. Que valent tous ces efforts et ces contraintes au quotidien? Une inestimable occasion d’apprentissage pour petits et grands aviculteurs, une reconnexion à un cycle de production à plus petite échelle et l’accès à des œufs frais, produits localement et dont le goût serait sans pareil, sans oublier les 600 à 800 œufs que pondront à leur rythme vos 3 à 4 poules durant l’année.
Dans un rucher près de chez vous
Cette image du magasin Whole Foods qui circule sur Internet a de quoi troubler n’importe quel omnivore. Plus de la moitié des fruits et légumes disparaîtrait des étals de supermarchés comme Whole Foods advenant la disparition de ces insectes pollinisateurs, affectés entre autres par les insecticides et l’arrivée de parasites comme le varroa. De quoi plonger la planète entière, villes et campagnes, dans un état de quasi-famine. Dans un souci de sensibilisation au sort des abeilles et de protection, citoyens, institutions, organismes et entreprises au Québec et ailleurs ont mis sur pied des programmes d’apiculture urbaine au sein de leur institution : le CRAPAUD, le Santropol roulant, l’hôtel Fairmont Reine Élizabeth, etc. À Montréal, selon le site Agriculture urbaine Montréal, on compte maintenant 182 ruches. Envie de contribuer, mais par où commencer? Optez pour la culture des plantes mellifères dans votre jardin l’an prochain : trèfle, menthe, agastache, framboisier, asclépiade, etc. Plus ambitieux? Miel Montréal vous invite à ses activités et offre même des formations pour l’apiculteur en herbe qui sommeille en vous.
Conservez cette semence qu’on ne voudrait voir perdue
L’été tire à sa fin, les récoltes battent leur plein. Outre leurs saveurs et textures incroyables, les fruits et légumes mûris à point vous offrent l’un des trésors des plus inestimables : la possibilité de recréer, à quelques détails près, ces mêmes saveurs l’été prochain grâce à leurs semences. Selon Lyne Bellemare de l’organisme Semences du patrimoine toutefois, peu nombreux sont les jardiniers, même dans la filière bio, qui récoltent leurs semences. Les semences doivent pourtant être continuellement plantées pour demeurer adaptées aux conditions de culture propres à notre géographie et assurer le savoir-faire associé à leur culture. Exemple concret : on ne peinerait pas tant aujourd’hui à tenter de réintroduire le supposément très délicieux melon de Montréal. Mais grâce au travail de Semences du patrimoine et à des initiatives comme le site PlantCatching (site d’échange de plants et semences) et la Fête des semences du Jardin botanique, ces savoirs et cette richesse se conservent et se transmettent, tout en favorisant aussi la biodiversité alimentaire et mine de rien, la protection des insectes pollinisateurs. L’an prochain, lorsque vous planifierez votre jardin, pensez à laisser un peu (beaucoup) de places aux plantes indigènes, sans oublier d’en récolter les semences. Vous vous demandez comment faire? Le site de Semences du patrimoine regorge de ressources, puis madame Bellemare offre des formations. Communiquez avec elle, elle vous montrera ses secrets avec un enthousiasme contagieux.
Jardinage ludique… et politique
Toutes ces semences qu’on souhaite conserver, pourquoi ne pas aussi leur donner vie sous forme de bombes de semences? Un trou au milieu d’une boule d’argile, on y parsème quelques graines, on renferme la boule, on l’enrobe de compost et hop, la boule devient bombe de semences. Bien lancées, ces bombes de vie embelliront à merveille espaces vacants, craques de trottoir, carrés d’arbre et autres lieux manquant d’un peu de verdure comestible. Assurez-vous simplement de ne pas les laisser traîner trop longtemps sur la table de la cuisine, car on peut facilement s’y méprendre et y voir de savoureuses boules d’énergie bien riches en fibres…
Enfin, avec les élections municipales qui approchent, pourquoi ne pas faire de la résilience alimentaire de nos villes un enjeu politique en bonne et due forme, non