Les OGM, doit-on avoir peur?

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Dernièrement, les journaux ont fait état des résultats spectaculaires d’une nouvelle étude scientifique. Quoi de neuf, me direz-vous ? Effectivement, c’est presque quotidiennement que les médias rapportent les résultats d’études dans le domaine médical et nutritionnel. Mais cette fois-ci, ces résultats ont fait le tour du monde car il s’agit d’un sujet controversé qui fait peur à bien des gens : les OGM.

Beaucoup d’informations (fondées ou non) circulent à propos des dangers potentiels et des effets néfastes des OGM sur la santé. Or, c’est la première fois qu’une étude scientifique porte sur la toxicité à long-terme des OGM. L’équipe du chercheur français Gilles-Éric Séralini1 a étudié pendant 2 ans les effets du maïs transgénique sur des rats. Résultats : les rats nourris avec le maïs OGM ou exposés à l’herbicide qu’on lui associe en culture (Roundup) ont présenté plus de tumeurs que les rats du groupe contrôle et plus de 50 % des mâles et 70 % des femelles sont morts prématurément (contre 20 % et 30 % dans le groupe contrôle).

Un poison? Vraiment?

Ces résultats spectaculaires pourraient nous amener à croire que le maïs OGM est un poison dangereux et que nos gouvernements devraient tout de suite interdire cette culture. Mais avant de sauter aux conclusions alarmistes, il serait peut-être bon de se rappeler du processus de validation des résultats d’une étude scientifique.

Tout d’abord, les résultats d’une seule étude ne devraient pas (en fait jamais) suffire pour se faire une idée ferme de la question. Pour que des résultats servent de preuves (on les appelle des données probantes), ils doivent avoir été reproduits plusieurs fois par d’autres équipes de chercheurs. Ainsi, dans le cas qui nous intéresse, on ne peut rien conclure tant que d’autres chercheurs n’auront pas trouvé des résultats semblables.

Il faut aussi se rappeler que bien que les études chez les animaux soient essentielles à l’avancement de la science, on ne peut pas transposer directement les résultats obtenus à l’homme.

De plus, une quarantaine de chercheurs qui réalisent des travaux sur les OGM ont clamé que l’étude du biologiste français ne constitue pas une preuve de la toxicité du maïs NK603 en raison de ses nombreuses lacunes méthodologiques :

  • Petite taille des groupes de rats à l’étude qui ne permet pas de conclusions statistiques sérieuses ;
  • Nombre insuffisant de rats dans le groupe contrôle ;
  • La lignée de rats utilisée en est une qui est sensible au développement de tumeurs ;
  • Manque de précision sur la nourriture des rats ;
  • Pas d’effet dose-dépendante (que les rats nourris avec peu ou beaucoup de maïs GM ne modifie pas le risque de tumeurs).

Bref, M. Séralini crie au complot pendant que de nombreux experts pensent qu’il est difficile de croire que de tels résultats aient pu échapper à la science…et qu’on n’ait pas observé des problèmes de santé notables chez les animaux nourris avec ce maïs.

Déformation professionnelle oblige, je tente toujours d’évaluer la question en fonction des données probantes. Dans le dossier des OGM, la question est complexe, je l’avoue. Mais pour les raisons expliquées plus haut, j’ai tendance à ne pas trop m’en faire avec les résultats de Séralini. Les principes de précautions et de variété (d’aliments dans son alimentation) sont des principes auxquels j’essaie d’adhérer le plus possible

Et vous, en sachant qu’au Canada:

  • il n’y a pas d’animaux transgéniques actuellement approuvés à des fins de consommation humaine ou animale ;
  • on trouve actuellement aucun fruit ni aucun légume génétiquement modifié sur nos tablettes d’épicerie;
  • les grandes cultures de canola, de maïs-grain et de soja GM qui sont commercialisées sont principalement destinées à des fins d’alimentation animale.
  • une faible proportion d’aliments contenus dans notre panier d’épicerie contiendrait des traces significatives d’OGM (des traces de soja ou de maïs)2,3.

Militez-vous pour l’étiquetage des OGM ? Préférez-vous, par mesure de précaution, vous tourner vers les aliments biologiques?

Références:

  1. Séralini GE, Clair E, Mesnage R, etal. Long term toxicity of a roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modifies maize. Food and chemical toxicology (2012),
  2. MICHAUD, D., et al. (2009). « Incidence des OGM dans les aliments du Québec ». Étude présentée au Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec dans le cadre du Projet CORPAQ/PRTB #505027, fiche de transfert (extrait).[En ligne].
  3. FORTIN, M., et al. (2009). «  Élaboration et application d’une norme de détection des OGM ».  Étude présentée au Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec dans le cadre du Projet CORPAQ/PRTB # 5050017, fiche de transfert (extrait).[En ligne].

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