Salubrité alimentaire
Depuis quelques mois, une nouvelle inquiétante circule dans les médias : certains plastiques utilisés, entre autres, pour les biberons libéreraient des bisphénols A (BPA), une substance qui serait potentiellement cancérigène. Extenso fait le point.
D’où viennent les BPA?Le polycarbonate est un type de plastique transparent, rigide et léger qui affiche le code de recyclage 7. Le bisphénol A (BPA) est un des ingrédients du polycarbonate. Le BPA ferait partie des ingrédients chimiques synthétiques les plus utilisés dans l’industrie. Les propriétés de ce plastique le rendent idéal pour la confection de nombreux articles de notre vie de tous les jours. On peut trouver des BPA dans les biberons, les bouteilles de sport (plastique rigide), des gobelets anti-fuites, des ustensiles en plastique, des résines de scellement dentaire et même dans le revêtement intérieur de certaines conserves d’aliments. Selon divers groupes de consommateurs, plus de 90 % des biberons en plastique vendus au pays sont composés de cette substance. Des résultats inquiétants mais controversésCe qui inquiète certains scientifiques est le fait que le BPA serait un perturbateur endocrinien. En d’autres mots, le BPA pourrait tromper l’organisme en imitant ou en perturbant des hormones, dans ce cas-ci, les œstrogènes. Il pourrait donc, chez l’humain, entraîner des déséquilibres hormonaux. On les soupçonne également d’être impliqués dans les cancers du sein et de la prostate. Par ailleurs, le National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) des États-Unis les a également associés à un risque supérieur de souffrir de diabète, de maladies du cœur et du foie. En août 2007, un groupe de scientifiques sonne l’alarme concernant les nombreux effets néfastes des faibles doses de BPA administrées à des animaux pendant leur développement ainsi qu’à l’âge adulte. Plusieurs de ces chercheurs ont effectué eux-mêmes des études sur cette substance chimique. Ils s’inquiètent du fait que les changements observés chez les animaux exposés au BPA pourraient être liés à l’augmentation des taux de cancer du sein et de la prostate, de diabète de type 2, d’obésité et des troubles de déficit de l’attention de même qu’à l’arrivée précoce de la puberté chez les jeunes filles. En effet, des études récentes réalisées sur de jeunes animaux de laboratoire suggèrent que de très faibles doses (semblables au degré d’exposition dans le cas de l’humain) de bisphénol A peuvent
Formé en novembre de la même année, un deuxième groupe de scientifiques, pour la plupart des toxicologues, pharmacologistes et experts, s’est prononcé en désaccord avec la majorité des résultats obtenus par l’autre panel. Le désaccord repose principalement sur le fait que les études sur les animaux sont difficilement transférables à l’humain. En effet, dans la plupart des études, les animaux ont reçu des injections de BPA et cela ne correspond pas à la façon dont les humains sont exposés à cette substance. Toutefois, un point fait l’objet d’un accord entre les deux groupes de chercheurs : le BPA peut entraîner des perturbations neurologiques et comportementales chez les jeunes animaux. |
Comment démêler tout ça en tant que consommateurs?Le programme national de toxicologie américain a revu environ 500 études expérimentales. Dans son rapport, le groupe soulève des inquiétudes concernant le risque que représente le BPA chez les fœtus, les bébés et les enfants. Il estime que, bien que le risque ne puisse être écarté, ces études procurent seulement des évidences limitées. D’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les effets du BPA et son implication sur la santé humaine. De son côté, le gouvernement canadien a procédé à l’évaluation du bisphénol A dans le cadre du Plan de gestion des substances chimiques. Le 18 avril 2008, le ministre de la Santé a rendu public un rapport préliminaire qui stipule que le bisphénol A constitue un danger pour l’environnement et la population, sans toutefois interdire son utilisation. Après une consultation publique de deux mois, Ottawa rassure la population en disant que la plupart des Canadiens sont exposés à des niveaux très bas de bisphénol A. Des niveaux insuffisants pour causer des problèmes de santé. Cela dit, des scientifiques de l’Université de Tufts à Boston ont récemment publié un article dans lequel ils révisent les connaissances sur le BPA, et prônent le principe de précaution. Ils sont notamment d’avis qu’il faudrait revoir à la baisse le niveau d’exposition au BPA jugé sans danger. Le cas des nouveau-nées et des nourrissons âgés de moins de 18 mois est différent, puisque certaines recherches ont soulevé des risques potentiels à de faibles doses de BPA. Il semblerait qu’une faible exposition puisse avoir des effets sur le développement neuronal et comportemental, de même que sur la prostate des fœtus et des très jeunes enfants. Le gouvernement canadien promet donc de veiller à ce que les sources potentiels d’exposition soient réduites au minimum, notamment en examinant les préparations pour nourrissons et les bouteilles avant leur mise en marché. Il compte aussi faire adopter des mesures législatives pour interdire la vente et la publicité des biberons en polycarbonate. En résumé :
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Pour minimiser l’exposition au BPAAucun avis officiel n’a encore été émis quant au lien entre le bisphénol A et le risque de développer le cancer. Cependant, si vous souhaitez minimiser votre exposition et celle de vos jeunes enfants au BPA, voici quelques suggestions.
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